2018 : Poursuite du cycle haussier ou krach mondial ?

LES PRINCIPAUX INDICES DU 01 JANVIER AU 31 DECEMBRE 2017

LES INDICES BOURSIERS
CAC 40 : + 9.26 %
SBF 120 : + 10.84 %
DOW JONES : + 25.08 %
NIKKEI : + 19.10 %
EUROSTOXX : + 6.49 %

LES TAUX D’INTERETS
EURIBOR 3 MOIS : – 0.329 %
OAT 10 ANS : + 0.68%
LES PLUS FORTES VARIATIONS DU CAC 40 EN 2017
KERING : + 84.25 %
TECHNIPFMC : – 22.26 %

Chaque fin d’année est pour nous le moment privilégié de l’analyse des 12 moisécoulés et bien évidemment le temps des prévisions pour la période future… Anticiperles grandes tendances des marchés est d’ordinaire un exercice périlleux qui semble encore plus compliqué pour 2018. Des scenarii radicalement divergents s’opposent

chez les analystes du monde entier et nous ne décelons, a priori, aucun consensus clair à moyen terme.

Arnaud Raimon, fondateur et président de la société de gestion Aliénor Capital, soutient que sauf évènement grave, le cycle économique et boursier devrait se prolonger enEurope et aux Etats-Unis ainsi que dans de nombreuses autres grandes économies. Selon lui, nous ne vivons pas un cycle haussier mais plutôt un « super cycle porteur » … Les cycles économiques et financiers ne meurent pas de vieillesse. Ils se retournent soit de façon prévisible, après intervention des banques centrales, soit de façon imprévisible, sous le coup d’une crise.

Dans le premier cas – le plus courant – l’économie en surchauffe tire excessivement sur ses capacités de production humaines ou matérielles. Les tensions inflationnistes naissantes sont alors freinées par une politique restrictive des banques centrales. Les hausses de taux courts freinent l’activité souvent à l’excès et entrainent l’économie vers la stagnation voire la récession. Force est de constater que nous sommes encore loin en Europe comme aux Etats-Unis de de puiser massivement dans nos capacités de production tant matérielles qu’humaines. Pour les capacités matérielles, les « output gaps » sont éloquents. Quant aux ressources humaines, on pourrait certes arguer d’un taux de chômage très bas aux Etats-Unis depuis deux ans, mais il s’accompagne étonnamment d’une progression très modérée des salaires. Même si l’explication de ce phénomène n’est claire pour personne, Janet Yellen incluse, il éloigne pour le moment tout risque inflationniste.

En l’absence de surchauffe économique évidente, la FED et la BCE n’ont donc pour le moment aucune raison de se lancer dans une normalisation rapide des taux monétaires. Le cycle économique ne sera pas mis en danger par les banques centrales. Quant à une éventuelle euphorie financière, observons que si les multiples sont un peu supérieurs aux moyennes historiques, les primes de risque restent très confortables. Dans ces conditions, il apparait que la hausse devrait se poursuivre…

L’autre cas susceptible d’engendrer un retournement des marchés est bien sûr, la survenance de crises comme en 1973 (premier choc pétrolier), en 1990 (invasion du Koweït par l’Irak) ou en 2007 (crise bancaire américaine et chute de l’offre de crédit). C’est bien évidemment là que les pessimistes se font entendre car comme le soulignent les analystes de la Deutsche Bank, plusieurs sujets majeurs menacent la stabilité financière actuelle.

La montée des populismes : Les dernières élections Européennes ont confirmépratiquement partout l’émergence des mouvements populistes (Allemagne, Espagne, Italie, France et Pays-Bas par exemple) qui fragilise le vieux continent et sa cohérence économique, Le Brexit est bien évidemment l’élément le plus visible de ce phénomène qui doit être géré et négocié dans l’intérêt des deux partis afin d’éviter d’une part de déstabiliser l’économie Britannique et de l’autre tout risque de contagion à d’autres pays. Ce « mouvement populiste » existe partout dans le monde (USA, Russie, Turquie, Autriche, Inde…) et menace l’ordre mondial. Les marchés financiers ont horreur de l’incertitude et pourrait réagir très négativement à des mouvements nationaux qui paralyseraient les systèmes démocratiques en place.

L’Italie, le nouveau maillon faible de l’Europe : La péninsule est victime de 3 problèmes structurels qui, à l’instar de la crise Grecque, risquent de plomber la belle union européenne. Le populisme évoqué plus haut, y est en plein essor, porté notamment par le mouvement 5 étoiles, ce qui rend le système politique encore plus instable qu’il ne l’est déjà. De plus, contrairement à l’Espagne, la croissance n’y est pas assez solide pour parler pleinement de reprise et soutenir durablement l’activité des entreprises transalpines. Enfin, le secteur bancaire est miné par des montagnes de créances douteuses estimées à 350 milliards d’euros soit 17% de leur bilan. Les banques du pays, éclaboussées par des histoires de fraudes et de scandales, ont longtemps été mal gérées, Le système bancaire Italien n’est pas sain et les faillites de l’Etat et/ou de son système bancaire auraient des répercussions très fortes sur la cohésion européenne.

Une crise toujours possible en Chine : Le Krach chinois à l’été 2015 a déjà donné des sueurs froides aux traders et depuis des années, la Chine est pressentie comme le foyer de la prochaine crise mondiale. L’opacité des informations transmises par le gouvernement chinois ne rassure pas les investisseurs, d’autant plus que les chiffres fournis ne sont pas toujours vérifiables, Les analystes redoutent que la Chine fasse un atterrissage économique brutal et soit l’épicentre d’une onde de choc qui toucherait tous les marchés financiers à travers le monde. La hausse rapide du crédit, l’importance supposée du secteur « shadow banking, », sans oublier une bulle immobilière toujours plus spéculative, nourrissent à juste titre sans doute, les craintes des économistes.

Un Japon vieillissant et surendetté : Bien que les résultats économiques et boursiers soient meilleurs en 2017 (+20% environ au 21/12/2017), l’Archipel continue de faire face au défi d’une population vieillissante et à un endettement record pour un pays développé. L’économie est actuellement clairement boostée par la croissance mondiale mais reste décevante sur sa consommation intérieure, objectif prioritaire de Shinzo Abe, le premier ministre Japonais. Les problèmes sont connus depuis longtemps mais les différents gouvernements qui se sont succédés n’ont pas réussi à résoudre l’équation posée par ce pays complexe. En cas de ralentissement mondial, comment financer le pays ? Quels seront les leviers de la banque centrale Japonaise dont la politique

monétaire extrêmement accommodante depuis plus de 20 ans n’a plus beaucoup de marge de manoeuvre.

Sans oublier, bien sûr d’autres motifs d’inquiétudes… On pourrait citer pèle mêle : Une dégradation des relations entre USA et Corée sous menace de guerre nucléaire, une nouvelle dégringolade du dollar contre l’euro, un emballement non maîtrisé des cours du pétrole, une attaque terroriste de grande ampleur et évidemment toutes les raisons auxquelles nous n’avons pas encore pensé…

Il serait vain de disserter sur l’imprévisible. Certes les raisons ne manquent pas pour une crise, mais ont-elles jamais manqué par le passé ? Les conditions économiques sont bonnes et la reprise mondiale est clairement établie. S’il ne fallait acheter d’actions qu’en l’absence de risques, nous n’irions jamais en bourse. L’investisseur raisonnable se contentera donc de penser le prévisible et d’être en alerte et prêt à réagir à l’imprévisible. Comme toujours, ce sera la vitesse de reconnaissance d’un évènement perturbateur majeur qui sera décisive pour en limiter les effets sur un portefeuille. Toute l’équipe de Vauban patrimoine fait le voeu de vous aider à prendre les bonnes options tout au long de cette année qui démarre.

Stéphane Lenoir

 

En bref

3.7%

La croissance mondiale devrait s’établir à 3,7% en 2018 selon l’OCDE contre 3.6% en 2017. La France quant à elle devrait améliorer son niveau de croissance à 1.9% l’année prochaine.

11.9%

L’indice HFRX Women qui enregistre la performance des femmes gérantes de fonds alternatifs, affiche un rendement de 11.9% sur 12 mois contre 7.05% pour l’indice global. Pourtant, moins d’un fonds sur 20 est géré par une femme !

1.53 Md€

Bruno Le Maire se félicite pour les intérêts patrimoniaux de l’Etat d’avoir cédé les titres ENGIE à 13.975€. C’est certes mieux que le cours du début de l’année (environ 11€) mais cette transaction s’est faite à des niveaux très proches des plus bas historiques, quasiment 4 fois moins que le cours de 2008 !